Effet de barrières à l’entrée et de coopération sur la diminution des prix soumissionnés suite à l’effondrement d’un cartel: Évidences provenant de l’industrie de la construction du Québec

Nous étudions les effets d’une enquête anti-collusion sur le comportement des firmes dans un marché d’enchères d’approvisionnements public. Nous nous intéressons à l’industrie de la production d’asphalte au Québec où il y a eu des rumeurs de trucage d’appel d’offres, de segmentation de marché et de paiement de pots-de-vin à des fonctionnaires, et où à la fin de 2009, une enquête anti-collusion à été mise sur pieds. Nous utilisons des données sur les enchères d’approvisionnement d’asphalte pour les villes de Montréal et de Québec. À l’aide d’une approche différence-en-différence, nous comparons les sou-missions avant et après l’enquête à Montréal où l’on suspecte la présence d’un cartel et à Québec où il n’y a pas eu d’allégation de collusion ou de corruption. Nous trouvons que l’enquête entraîne une diminution des soumissions de 14%. En s’intéressant à la structure du marché de Montréal, nous remarquons que trois nouvelles firmes entrent sur le marché, tandis que nous n’observons pas d’entrée avant l’enquête. Nous trouvons aussi que le nombre de participants par enchère augmente, que les firmes dominantes perdent énormément de pouvoir de marché et que les firmes gagnantes sont de plus petites firmes suite à l’enquête. Par la suite nous utilisons une approche structurelle pour déterminer quelle partie de la diminution du prix est due au fait que les membres du cartel montréalais ne puissent plus coordonner leurs prix, l’effet de coopération, et quelle partie est due au fait qu’ils ne puissent plus empêcher l’entrée, l’effet de barrière à l’entrée. Notre recherche suggère que 16 % de la diminution peut être attribuée à l’effet de barrière à l’entrée et le reste, à l’effet de coopération.

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